jeudi 16 novembre 2017

De ce côté-ci du monde


« – Je n'ai pas traversé un continent entier, répondit Orios, pour venir me coucher pendant que vous vous battez. Ces cent hommes-là sont devenus, je te l'ai dit, des bêtes sauvages que plus rien ne fatigue. Montre-moi la muraille que nous devons abattre et que l'heure du combat  sonne pour nous.»

La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé, p.113, Babel


Sous l'action de la plume, Nounours se réveille et peine à retrouver ses marques de ce côté-ci du monde. Les chatouillis de la plume maniée par le Grand Humoriste à la Plume d'Or ne sont, de loin, pas un plaisir...
Nounours ne sait pas ce que chacun de nous a deviné, il se trouve face à lui-même : face à celui qu'il est devenu. Un enfant et un adulte de septante-sept ans.

– Alors jeune Nounours, avez-vous fait de beaux rêves?

La question est classique, presque banale et normalement bienveillante, mais Nounours s'est réveillé de mauvais poil.

– Je ne m'en souviens pas... mais cela ressemblait plutôt à un cauchemar...

Le mensonge est crédible tout comme la justification:
– Ne croyez-vous pas qu'un rêve, quel qu’il soit, devrait demeurer secrètement en nos cœurs?
– On peut le comprendre ainsi, mais ne sommes-nous point en famille?

À ce point de l'histoire, une petite explication pourrait s'avérer nécessaire : 
La croyance s'oppose-t'elle à la raison? Il se pourrait que la raison ait quelque avantage face à la croyance...
Il n'en reste pas moins que Nounours, à peine éveillé, bataille déjà...

– N'en est-il point de même à votre sujet?
– Certes, mais puisque nous en sommes là, essayons de construire un dialogue! Pourquoi ne pas parler de la superstition, qui pourrait être la sœur aînée de la croyance ?
– Pourquoi donc ne serait-ce pas la sœur cadette?
– Disons que l'on passe facilement du stade de la croyance à celui de la superstition...
– Ce genre de discussion ne nous portera pas chance...
– En voilà une...
– Une quoi?
– Une superstition...
– Ne nous attardons pas à cette aura négative... commençons par nous interroger: qu'est-ce donc qui nourrit la superstition?
– Je n'en sais rien...
– C'est la fascination qui la nourrit.


Aucun commentaire: