vendredi 17 novembre 2017

La fuite


« Je suis donc ainsi fait, futile et sensible, capable d'élans fougueux qui m'absorbent tout entier, bons et mauvais, nobles et vils – mais jamais d'un sentiment durable, jamais d'une émotion qui persiste et qui pénètre la substance de l'âme. Tout en moi tend à être aussitôt autre chose ; une impatience de l'âme contre elle-même, comme on peut l'avoir contre un enfant importun ; une intranquillité toujours plus grande et toujours semblable. Tout m'intéresse, rien ne me retient. Je m'applique à toute chose en rêvant sans cesse ; je fixe les moindres détails de la mimique faciale de mon interlocuteur, je remarque des inflexions millimétriques dans les phrases qu'il prononce ; mais, alors même que je l'entends, je ne l'écoute pas, je pense à tout autre chose et ce que je me rappelle le moins, de notre conversation, c'est justement ce qui s'y est dit – d'un côté ou de l'autre.»

Le livre de l'intranquilité, Fernando Pessoa, Christian Bourgois Éditeur



– Viens ici, petit Nounours, ne fais pas l'enfant gâté, tout cela n'est qu'un jeu! Viens, je t'aime et j'ai besoin de toi!

En cas de conflit, pour beaucoup, la première solution est la fuite.  C'est un réflexe naturel. C'est une assez bonne solution sur le moment et ce que choisit Nounours, réfractaire malgré lui, face au harcèlement  d'Alias. Alias ne comprend pas grand-chose à ce que cherche à lui dire Nounours. Il a bien peu conscience que son type de fonctionnement puisse être ressenti fort différemment que ce que lui même impose sans le savoir. Il n'a aucunement l'impression que, derrière le masque du sourire, il abuse de sa position. C'est le propre du tyran qui prétend agir pour le bien de ceux sur qui il a une autorité de fait ou de son grade, voir même de sa caste.


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