mercredi 15 novembre 2017

Sous peine de...

" Durant ces premiers jours de l'automne, arrivé subitement, alors que la tombées de la nuit est, à l'évidence, tout à fait prématurée, et qu'on a l'impression d'être en retard dans ses tâches journalières, alors je savoure, même plongé dans mon travail quotidien, cet avant-goût d'oisiveté que l'ombre apporte d'elle-même, parce qu'elle est nuit et que la nuit signifie sommeil, foyer, libération. Lorsque les lampes s'allument dans la vaste salle, chassant l'obscurité, et que nous faisons des heures supplémentaires malgré le travail déjà accompli, tout le jour durant, j'éprouve alors un bien-être absurde, comme le souvenir de quelqu'un d'autre, et j'écris aussi paisiblement que si je me trouvais en train de lire, attendant le moment d'aller dormir."

Le livre de l’intranquillité, Fernando Pessoa, Christian Bourgois Éditeur



Nounours lui aussi dort et rêve, mais en surplus, il doit, sous peine de devenir fou, séparer ceux qui lui appartiennent et ceux que Al, son maître, lui impose. Al est un maître exigeant. Aussi exigeant que son père... La séparation des domaines est un exercice des plus difficiles, d'autant plus qu'il ne doit pas faire paraître qu'il rêve ou pense pour son propre compte. Il s'ensuit une espèce de chassé-croisé d'une grande subtilité entre l'enfant et sa peluche. D'une part Nounours vit intensément des rêves qui ne lui appartiennent pas mais dont il joue à la perfection tous les rôles que ne veut pas endosser Al, et d'autre part, les siens qui ne doivent en aucun cas être découvert, à moins qu'il ne les fasse passer pour ceux de Al. Le jeu est loin d'être simple, Alias ne se contentant point d'induire les rêves de Nounours. Avec une facilité qu'en d'autre temps l'on eut qualifié de machiavelique, il est capable de voyager dans les rêves de Nounours et d'y intervenir sans que sa présence ne soit visible. En fin, c'est ce qu'il croit...

– Pourvu qu'il y croie le plus longtemps possible, se dit Nounours.




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