lundi 13 novembre 2017

Malédiction


" Je suis dans un de ces jours où je n'ai jamais eu d'avenir. Il n'y a qu'un présent immobile, encerclé d'un mur d'angoisse. La rive d'en face du fleuve n'est jamais, puisqu'elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci; c'est là toute la raison de mes souffrances. Il est des bateaux qui aborderont à bien des ports, mais aucun n'abordera à celui où la vie cesse de faire souffrir, et il n'est pas de quai où l'on puisse oublier. Tout cela s'est passé voici bien longtemps, mais ma tristesse est plus ancienne encore. 
En ces jours de l'âme comme celui  que je vis aujourd'hui, je sens , avec toute la conscience de mon corps, combien je suis l'enfant douloureux malmené par la vie. On m'a mis dans un coin, d'où j'entends les autres jouer."

Fernando Pessoa, Lettre à Mário de Sá-Carneiro, 14 mars 1916 



 Caresses de mains et caresses d'esprit le tout en un s'enlacent et se prodiguent tendresse à l'infini. Mais que le roc de la colère émerge soudain et le couple aussitôt se maudit sous l'orage. Le vent de la tempête se libère et ce qui pourrait être devoir devient un crime... Rouge est la voile, rouge est l’œil qui se voile... Bientôt, dans le piège refermé, sans effort, des larmes de sang coulent, libres comme le torrent. Rien n'est plus masque sous le couvert du sang. Mêlant le geste à la parole, Nounours maudit les coupables humains:



– Je ne suis plus ce que j'étais et ne serait jamais ce que vous êtes...

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