13 décembre (135) Tout peut être vrai

Épisode 135  
"Avant la formation de la mer, de la terre, et du ciel qui les environne, la nature dans l'univers n'offrait qu'un seul aspect; on l'appela chaos, masse grossière, informe, qui n'avait que de la pesanteur, sans action et sans vie, mélange confus d'éléments qui se combattaient entre eux."
Ovide, Les Métamorphoses

 Auguste a renoncé à se cacher sous le nom de Don Penúl. Il squatte une maison dans laquelle sont éparpillés quelques papiers divers sortis d'une vieille commode à moité éventrée. Il ne peut résister, mais qui résisterait... à fouiller... Il lit, regarde, tout en songeant à se rendre chez Justin, devenu "Très Discernable Grand Macaron". Ce qui n'est rien d'autre qu'une façon très compliquée de dire une chose très simple... Il essaie de mettre des mots sur les images. Il imagine ce qu'a pu être une vie dont tout ce qui reste ne serait que ces petits restes épars. Sans qu'il n'y prenne garde, ces restes se mêlent à ses préoccupations du moment.


– Il était devenu le contraire de ce qu'il "me disait"... et, finalement, tout peut être vrai. Cela dépend de notre manière de lire ou de raconter l'histoire dans laquelle nous ne faisons rien d'autre que de nous projeter... 

De la masse de souvenirs qui s'accumulent dans les territoires vastes, chaotiques et étriqués d'une modeste vie, le mélange confus des sentiments et de ce que l'esprit se plaît et voudrait commander à ce qu'il appelle le réel, peu de choses s'en échappent.
Dans l'ombre inerte d'une maison, Auguste viole sans état d'âme les secrets les moins bien gardés.

– La vie d'un homme ne tient pas entièrement dans les images qu'il laisse traîner derrière lui. De ces quelques photos éparses, une part d'inconnu se projette sans pudeur dans le premier regard qui la caresse et la fait sienne aussitôt. La moindre des pensées fera surgir de ces ruines de la mémoire des arrangements imprévus, une sorte d'esquisse de vie possible, une espèce de mariage amoureux entre le dénuement et un dédoublement jubilatoire.
 

Cher Justin 
Je songe à venir au chevet de mon compagnon. Je sais ce que cela signifie. Je sais aussi bien que ce que vous dites prendra un tournure fort différente lorsqu'il n'y aura plus de témoin... Tant pis... Comment dites-vous? Je serais une sorte de mécréant? Il me semble que vous vous laissez aller... Ce qui n'est pas de bonne augure... mais de là où vous êtes ce devrait être assez banal, si je ne me trompe. Peut être suis-je enclin à exagérer, comme vous dites. Peut-être, mais avez-vous pensé au sens de cette expression? Ce n'est pas le moment, dites-vous et je devrais plutôt penser à mon perroquet? Est-ce une menace? Non... Ce qu'il dit vous échappe? Vous m'en voyez ra...