lundi 28 décembre 2015

28 décembre (155) Une fuite infinie

Épisode 155

" Quel est l'homme qui désire le plus vivement une révolution?
N'est-ce pas celui dont l'existence actuelle est misérable?
Quel est l'homme qui aura le plus d'audace à bouleverser l'État?
N'est-ce pas celui qui qui ne peut qu'y gagner, parce qu'il n'a rien à perdre? "

L'Utopie
Thomas More 




Cher Justin
Je crois que le moment est venu pour vous de cesser de fuir... Vous souriez? Vous ne devriez pas. Comment vous dites? Ce serait comme l'hôpital qui se moquerait de la charité? Vous trompez et vous vous trompez, cher Justin. Certes, les apparences sont trompeuses, j'en conviens. Comme je conviens que je suis physiquement placé dans la position du fugitif. Mais il est une chose que vous ne pouvez m'enlever: la parole. Certes vous faites tout pour que cette parole ne soit entendue. Avec succès! Soit. Mais là n'est pas l'important, et vous le savez bien puisque votre traque ne s'arrêtera jamais. Vous êtes-vous posé la question pourquoi cette fuite est infinie? Vous ne répondez pas... Pourrais-je essayer de vous "commenter" les règles du jeu que vous avez initié et que vous seul seriez censé connaître? Cela ne vous plait pas. Je le lis sur votre visage. Comme il est changeant... Lui si souriant l'instant d'avant, si grimaçant maintenant. On dirait que vous allez rugir comme un homme d'autrefois: sûr de son autorité et de son pouvoir sur les gueux... Ainsi, vous n'êtes pas beau, Justin. Même si je me rend bien comptes que cette laideur que vous portez en cette instant est dû à un voile qui flotte depuis bien longtemps, je ne peux m'empêcher de reculer d'un pas. Certes ce voile ne vous appartient qu'en partie et vous pensez que personne ne le voit. Vous vous trompez, ce n'est pas qu'ils ne le voient pas, ils n'en disent rien non par manque de courage mais par illusion. Votre récit est gage d’espérance. C'est là une grande réussite.Comme promis je vais vous parler de quelque chose qui va vous rendre votre votre sourire, il s'agit de non-violence... Le délire de la raison? Je vois que vous êtes en forme et votre sourire, comme par miracle, est revenu... mais laissez-moi quelques instants... j'ai quelque affaire à régler que je ne puis repousser...


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