samedi 26 décembre 2015

26 décembre (152)

Épisode 151

Garde tes pensées et fuis la malice afin que l'intelligence enténébrée
ne prenne une chose pour une autre.
  Thalassius l'africain

– Pourriez-vous me dire cher Auguste Perroquet, ce qui semble  en ce jour vous remplir d'aise?
– Je me sens comme un nouveau-né.
– Cela me surprend d'autant plus qu'hier, quand nous nous sommes quittés, il m'a semblé percevoir chez vous comme un léger malaise.
– C'est précisément là que se trouve l'origine de mon bien-être...
– N'allez-vous point m'en dire un peu plus?
– Hier, j'étais mal-à-l'aise parce que tout était, en quelque sorte, disons confus. Aujourd'hui cette confusion a disparu. Et vous en êtes la cause.
– J'ai de la peine à comprendre.
– C'est facile, hier encore vous m'aviez , disons, suggéré de continuer à remplir mes fonctions. Je trouvais cela surprenant. Mais cette nuit, retournant en tous sens les diverses possibilités qui tantôt s'offraient à moi et tantôt se refusaient, j'en suis arrivé à la conclusion que la meilleure était la vôtre.
– Voudriez-vous m'en dire un peu plus.
– En réalité, ce que je ne vous ai point hie, c'est que cela fait depuis un certain temps que je ne l'ai plus vu... et il me cherche. Non point que cela fut la même recherche que vous ou votre maître. Non, je crois même qu'il est inquiet.
– C'est tout à son honneur...
– Oui...
– Mais comment savez-vous qu'il vous cherche?
– J'ai vu les chiens.
– Les chiens bleus?
– Comment savez-cela?
– Je les connais. Peut-être même puis-je dire que je les connais bien...
– Comment les avez-vous découverts?
– Ils sont venus sur l'île de mon maître... qui est aussi la mienne... en vérité... qui est d'abord la mienne...
– Que voulez-vous dire par là? Vous aussi vous avez une île?
– Oui, et je puis vous dire qu'elle est presque en tous points pareil à la vôtre...
et que c'est là que j'ai emmené mon maître quand tout a mal tourné pour lui. Je l'ai emmené là-bas parce que c'est là que je suis né et pour en revenir aux chiens, eux aussi ils y venaient.
– Sur votre île?
– Oui et aussi ailleurs. Nous avons beaucoup voyagé.
– Ensemble?
– Oui.
– Incroyable.
– Pourquoi?
– Parce que...eh bien... comment faisiez-vous pour communiquer?
– C'est très facile, ils sont bien moins compliqués que les hommes... et en plus eux aussi ils ont été instruits par eux. Et ce d'autant plus qu'ils vous connaissaient votre maître et vous.
– Comment cela?
– Spécialement éduqués pour cela, c'est eux qui étaient chargés de vous retrouver. Et ce n'est qu'à distance que suivaient encore les hommes de mon maître.
– Alors ils ont été bien éduqués... Ne souriez pas, je parle sérieusement.
– Si je souris, c'est que à moi aussi, je vous le dis sérieusement, ils ont été une aide très précieuse.

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