Cher lecteur,
L’enfance que l’homme a quitté et les hommes que l’enfance a quitté ont ceci en commun que le sujet et l'action se confondent l'un avec l'autre...
D’innombrables actes incohérent eussent pu faire considérer Don carotte comme un fou, c'est ce que certains peuvent croire, mais il eut cette chance infinie d’avoir reçu sa voix pour seul héritage, une voix étrange. On ne prêtait aucunement attention à ce qu’il disait, mais toute celle-ci se portait à l’enchantement du ton. Ainsi il pouvait dire les pires horreurs, ce qui s’entendait était d’une douceur à faire se pâmer le plus acharné des déments... Elle avait pour qualité principale de s'adapter parfaitement à l'autre qui ainsi disparaissait presque complètement.
Ainsi en est-il, tous sourient lorsqu'il prononce en souriant et s'adressant à l'infini du ciel:
– Plus rien ne se trompe dans l’œil vide de la mort. Tu m'excuseras je l'espère pour le retard avec lequel je t'écris, mais sache bien que, depuis que je suis passé à la réalisation de mes cahiers, que j'écris et réécris à l'infini, je n'ai cessé de penser à toi.
À cette première lettre et celles qui suivront, j'aimerais donner la forme d'un «rapport» et il me faut brièvement t'expliquer pourquoi.
Il y a quelques jours, lors de mon retour de ce que longtemps j'ai cru être mon premier voyage et dont je vais te parler dans quelques instants j'ai trouvé dans mon courrier un paquet contenant un livre. Il portait, le mot n'est point trop fort, un titre que j'ai oublié...
Je ne sais comment il est arrivé jusque ici. Une fois que je l’eus repêché, puis séché , il me semblait avoir doublé de volume. Enfin, je le suppose car je ne connaissais point sa taille originale, je ne pouvais que la deviner, mais le plus surprenant c'est qu'au fur et à mesure que je le lisais il changeait encore. Non qu'il soit devenu plus grand mais que je ne parvenais pas avancer dans la lecture. Un mois plus tard, il me semble qu'il avait encore doublé de volume et prenait une place considérable dans ma vie. Pourtant, jour après jours, j'en étais encore et toujours à la même page alors que je passais mes journées et une partie de mes nuits à le lire... je me souviens, c'était comme si le temps s'était arrêté... à l'infini les pages du livre se dilataient... J'avais cette impression qu'ont certains enfants et qu'ils portent en eux-même sans vraiment le savoir... En tous c'est ce que je croyais parce que c'est aussi, plus ou moins, ce que j'avais appris... On enseigne plein de choses à l'école...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire