samedi 13 janvier 2018

Une permanente transformation


« Un bâtiment, un temple grec n’est à l’image de rien.(...) Il renferme en l’entourant la statue du dieu et c’est dans cette retraite qu’à travers le péristyle il laisse sa présence s’étendre à tout l’enclos sacré. Par le temple, le dieu peut être présent dans le temple. Cette présence du dieu est, en elle-même, le déploiement et la délimitation de l’enceinte en tant que sacrée. Le temple et son enceinte ne se perdent pas dans l’indéfini. C’est précisément l’œuvre-temple qui dispose et ramène autour d’elle l’unité des voies et rapports, dans lesquels naissance et mort, malheur et prospérité, victoire et défaite, endurance et ruine donnent à l’être humain la figure de sa destinée.»


Heidegger, L‘origine de l’œuvre d’art, (traduction de Fr Fédier)


– Quiconque s'approprierait cette histoire en aura changé le sens et ainsi aura lui même changé. S'appuyant sur ce qui lui parait, il se sera changé en étant, dans le même temps, l'acteur et l'objet de son acte.

Les deux Pinocchio, celui qui se dit et se croit "l'Autre" et celui qui ne connait que son prénom, libres de leurs mouvements corporels, sont malgré tout... ou somme toute... "comme des prisonniers" à cause de la nature insulaire du lieu. L'un ayant refusé de remonter sur le bateau à la dérive, laissant s'éloigner celui qu'il avait fini par considérer comme son frère et l'autre semblant s'en être échappé. Êtres fragiles, ils tournent autour du récif, tout juste à l'abri du vent et des grondements du ciel et découvrent un monde que, jusqu'alors, ils ne soupçonnaient pas. Tout était en permanente transformation, si bien que jamais ils n'avaient l’impression de repasser au même endroit alors même qu'ils en avaient déjà fait le tour un nombre de fois incalculable. L'impression de dépaysement augmentait d'autant que les îles environnantes, loin d'être immobiles, ne pouvaient être considérées comme des repères, étant elles-même en constantes mutations. Le ciel lui-même, réconfort et guide des marins, ne leur était d'aucun secours, étant la plupart du temps parfaitement voilé et orné des limbes vagues de l'infini.
Malgré le relatif inconfort de leur situation, ils s'étaient mis à explorer l'île avec l'espoir d'élucider le mystère de la voix enveloppante dont ils pressentaient qu'elles n'étaient point venue du ciel.

– Ce n'était point la conséquence de l'orage quasi permanent qui règne sur ces contrées... disait Pinocchio, l'Autre... enfin c'est que je pense.

– Il n'est point temps de penser, mais d'agir... lui répond la petite marionnette qui dévoile un vrai tempérament d'explorateur.

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