"Ce livre n’est pas un résumé, mais plutôt une tentative, un effort désespéré pour relier les différentes strates de ma vie à leur racine. Que le lecteur ne cherche pas dans ces pages l’histoire structurée et précise d’une vie. Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l’oubli. Ce qui restait semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j’ai senti que ce n’étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens."
Histoire d'une vie, Aaron Appelfeld
Il y eut dans l'histoire, tant de jours exceptionnels qu'il est difficile aujourd'hui de réaliser à quel point le moindre de ces jours pourrait être déjà en soi quelque chose d'aussi extraordinaire ou plus encore.
– C'est ce qui se dit... Mais se peut-il qu'il y eu deux fois un jour nouveau?
L'âne nommé Daniel, possède une particularité qui le renvoie à sa nature:
– Les jours ne sont qu'une invention des hommes. Ils en ont besoin pour se rappeler à eux-mêmes qu'ils ne sont rien que des parts insignifiantes des histoires qu'ils se racontent pour faire "passer le temps"... En réalité, tous les jours n'en forment qu'un seul et unique... mais ne le répétez pas ou je passerai pour un fou...
Et, d'un ton fatigué, ajoute:
– ... rien de nouveau sous les soleils...
Il peut arriver que le lieu où nous nous trouvons ne soit pas vraiment celui auquel nous pensons. C'est ainsi que Pinocchio, l'Autre, bien qu'étant persuadé de rencontrer l'âne nommé Daniel en pleine nature, se verrait bien surpris de constater qu'en vérité "cela" se passe sur la scène d'un théâtre qu'il ne connaitra jamais pour ce qu'il est... mais auquel il si fortement lié que l'un ne pourrait exister sans l'autre... et sans lequel sa vie à lui n'aurait aucun sens.
– Réveillez-vous!
– Pourquoi?
– C'est votre anniversaire...
– Et alors?
– C'est un jour jour exceptionnel!
– Pourquoi devrait-il être exceptionnel?
– Euh... je voulais être aimable avec vous... C'était une sorte de formule de politesse.
– Vous ne me connaissez même pas et c'est la première fois que vous m'adressez la parole... et pour cause...
– Vous avez raison, je me présente: Pinocchio, l'Autre, pour vous servir...
– Pour me servir? Voilà qui est bien prétentieux.
– Puis-je vous demander quel est votre nom?
– Vous faites des progrès. Il y a bien longtemps on m'a fait porter le nom de Daniel. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi on vous a attribué, fait porter tel nom plutôt qu'un autre?
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