jeudi 11 janvier 2018

Fugace mémoire


" Autrui n'est jamais que celui qu'il est pour moi..."

La mémoire est fugace... ce qui se rappelle à la mémoire et celui qui s'en rappelle se sont séparés depuis longtemps. Tout alors était si étrange et tant .... qu'il n'y eut personne qui sache poser la vraie question, celle qui, précisément, ouvre la pensée et ferait que le naufrage qui allait advenir puisse être évité. Ce ne fut certes point faute de délibérations, de résolutions ou de négociations, non, ce fut faute de savoir exprimer, partager et surtout d'accepter la diversité des points de vue. Du moins à courte échéance. Dans les brouillards épais de l'esprit, chaque argument laissait place à son contraire et le panache des uns rejoignait le panache des autres. Tels des pirates à l'assaut de leur propre bateau si bien que l'on entendit plus que l'on ne vit alors l'impensable: les canons de tribord furent retournés vers bâbord et les canons à l’opposé furent retourné vers tribord. Seule cette valse ne fut point sans une sorte de grâce. Les sales gueules des canons se faisaient face. Il est facile d'imaginer ce que la moindre étincelle, qui ne manqua point, était capable de faire. Mille éléments insaisissable ou inconnus firent mieux que le meilleur des romans et toutes les perplexités d’une situation plus que jamais compromise ressemblaient à s'y méprendre, du côté des ambassadeurs, directeurs, officiers, glaives et marteaux, plumes et gants, maillets et planches, ballets et parquets cirés, miroirs et accoudoirs, glissades et colonnades, décorations et mascarades, à la prise de la Bastille. Sans aucune noblesse, un feu d'artifice de haut rang il y eut, de peuple, il n'y eut pas. Chacun, du plus grand au plus petit, était devenu roi et savant... Créant le monde à son image, chacun était devenu prisonnier de son dessein et l'autre crétin, malandrin.


– Pourquoi n'embarquez-vous point?

– Je ne sais si je serai admis à bord et d'autre part, sans vouloir vous effrayer, si j'en juge selon les apparences, il ne me semble pas en état de voyager.

– Méfiez-vous des apparences. Si je m'étais posé la question je serais encore, tout comme vous, prisonnier de cette île sur laquelle, il y a peu, nous rêvions tous deux d'échapper.

– Je ne rêve point de m'échapper. Si je rêve de quelque chose ce serait d'accéder à ce que je vois dans ce lointain que nous ne pouvons que repousser sans cesse...

– ... jusqu'à ce qu'il nous accueille pour toujours...

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