"Plus notre voyage avançait, plus la communication entre Michio et moi prenait ce cours –l'exploration de grandes idées en phrases brèves qui catalysaient parfois des pensées et des images restées vagues jusqu'alors. L'étroitesse de notre vocabulaire commun exigeait des choix précis, explicites, et n'autorisait guère le bavardage sans but qui sert trop souvent d'échappatoire pour contourner les difficultés de l'échange véritable."
L'ours bleu, Lynn Schooler, Plon
La nature changeante de l'île eut pu décourager n'importe qui. Mais nos deux Pinocchio, curieusement s’acclimatèrent fort bien à cet état de fait dont ils prenaient peu à peu la mesure. Au début, ils ne s’aperçurent de rien, mais après plusieurs tours, ils en prirent un peu conscience. Ce n'était pas grand-chose, mais suffisant pour qu'un certain sens se dévoile. Cependant, ils durent se rendre à l'évidence, plus ils en apprenaient plus ce qui leur échappait devenait une sorte de présence obsédante qui était devenue l'objet de leur désir.
– Le fait était que nous n’eûmes jamais l’occasion de voir le sommet de notre île. Une sorte de chapeau de brume la recouvrait en permanence. Aussi haut haut que nous réussissions à grimper, le sommet nous échappait.
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