mardi 16 janvier 2018

Des mondes dans la nuit


– Le saviez-vous, cher Pinocchio qui vous croyez l'Autre: "Le temps transcendant se mesure à la durée et au changement des choses qui nous entourent"*...
– D'où sortez-vous cela?

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Le dialogue entre les Pinocchio n'a pas cessé pendant leurs voyages autour de l’île.

– Saviez-vous à quel point il semble vous ressembliez à ceux qui vous ont conçu?
– Ce n'est pas forcément un cadeau...
– Vous croyez que ce n'est pas un cadeau, mais il se peut que vous vous trompiez. Certains d'entre nous rêvent d'entendre comme eux. Si vous saviez ce qu'ils sont capable de faire peut-être le désireriez vous aussi.
– Sans vouloir vous manquer de respect, je crois que ne suis pas à plaindre de ce côté là. Nous ont-ils vu?
– De qui parlez-vous?
– Ne les avez-vous pas vu?
– Je ne sais pas qui vous parlez...
– Je n'en ai pas idée non plus... et c'est notre chance. Je vous le répète ils ne sont pas en train de regarder. Ils se concentrent presque uniquement sur ce qui parvient à leurs oreilles. Et ces oreilles spécialement disposées leur donnent des aptitudes très spéciales.
– Lesquelles?
– Celles de voir et de construire des mondes dans la nuit.
– J'ai de la peine à comprendre...
– Il est difficile de s'imaginer ce que nous ne connaissons pas. La symétrie parfaite de nos organes limitent la perception de ce qui nous entoure et nous porte. La sensation que tout est forcément comme nous fait que nous ne pouvons considérer que ce qui nous ressemble. Ainsi nous sommes moins en danger.
– En danger de quoi?
– En danger de devoir changer, si peu que ce soit.
– Est-ce là l'objet de votre peur?
– Je n'ai pas peur. Pourquoi me demandez-vous cela?
– Je ne suis pas sûr du bien fondé et de la certitude de votre réponse. J'observe bien souvent de légères variations dans votre humeur qui se ressentent principalement dans les légers tremblements et les brusques changements de tonalités presque imperceptibles de votre voix.

* Dépression et vécu de temps, Erwin Straus, 1928


 

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