– Dites-moi si je me trompe, mais si j'en crois mes yeux, l'enfant Lune serait une créature de notre maître que je reconnais à peine tant il me parait jeune, absent, comme absorbé par ce qu'il est en train de créer!
– Vous ne croyez pas si bien dire.
– Je sens autant d’enthousiasme dans le ton de votre réponse qu'il n'y en a dans la figure triste de notre maître. Devrais-je comprendre qu'il y a autre chose que je devrais comprendre?
– C'est probable...
– Mais enfin si je regarde ce qui est là sous nos yeux ne peut pas être vraiment réel!
– Et pourquoi donc?
– Eh bien par exemple je vois deux enfants Lune!
– Et alors?
– Et alors, ce n'est pas possible!
– D'une part ce n'est qu'un jeu.
– Le jeu dont vous me parliez hier?
– C'est cela.
– Et d'autre part... ce serait... de la pure imagination!
– C'est exactement cela... plus un petit quelque chose...
– Quelque chose d'imprévisible par exemple!
– Là, c'est vous qui êtes imprévisible!
– Alors nous ne sommes que des images?
– Vous êtes redevenu prévisible, comment est-il possible de dire cela? Réfléchissez. Nous sommes là et nous nous parlons, chacun peut le voir. Nous sommes parfaitement identiques à ce que nous savons des êtres vivants. N'est-ce pas?
– C'est possible.
– Il en est ainsi parce qu’il veut qu’il en soit ainsi, mais là, sans réfléchir et sans lui laisser le temps de réfléchir et de vous souffler une réponse, vous souvenez-vous de votre enfance?
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