(3) Primauté

Certains des personnages de cette histoire apparaissent sous leurs images réelles. Encore que le pluriel eût été de mise pour ce qui est de l’histoire tant il certain que la simplicité du récit laisse à désirer, ce qui est souhaitable et si ce pluriel n’eut masqué ce que le mot singulier peut avoir comme richesse. Les faits rapportés sont tous parfaitement exactes et aucun d’eux n’échappe à la règle qui veut que l’erreur se glisse dans la moindre faiblesse et les coïncidences se produisent quand le temps de l’un rejoint le temps de l’autre. Il est vrai aussi, selon toute vraisemblance que certaines paroles, erreurs et dialogues, sous l’action imprévisibles des causes et effets ont probablement été modifiés, inversés ou ont probablement, quelquefois certainement, disparus créant par ce fait des espaces que la nature, dans ce qu’elle a de connu, ne peut s’empêcher de combler. Tout cela, le plus souvent à l’insu de l’auteur, qui tient en ce là sa plus grande richesse.

 
– Selon vous, est-il vain de nier la primauté de l'esprit humain en toutes choses?
– Oulah là... d'où sort cette question? 
– Je ne sais pas.
– Encore une question de votre maître qui a germé dans votre cerveau de perroquet!
– Je ne vous permets pas!
– Ce n'est pas une insulte, c'est un fait. Nous avons, nous autres, psittacidés, des moyens forts limités...
– Vous voulez dire par rapport à ceux des humains?
– C'est un peu cela.
– Un peu seulement?l
– C'est cela, il ne suffit pas d'avoir des moyens énormes, encore faut savoir les mettre en œuvres... 
– Ce qui, selon vous, n'est pas vraiment le cas si j'en crois le ton que vous employez.
– C'est un peu cela. 
– Vous avez le sens de la nuance ou alors...
– Ou alors? 
– Il se pourrait que le cerveau du perroquet ne tienne pas les promesses qu'il se fait à lui-même...
– Tout comme celui des hommes. Pour reprendre votre question, je crois qu'il est vraiment vain, au vu des résultats concrets de l'ensemble des être auxquels nous sommes inféodés, de croire à une quelconque primauté de leur part.
– Je vois que le ton monte... Vous m'inquiétez...
– De quelle sorte d'inquiétude voulez-vous parler?
– S'il nous entendait!
– Il nous entend.