dimanche 16 juin 2019

(16) Une image de jeunesse




– Voyez-vous ce que je vois?
– Je vois une image de jeunesse de notre maître...
– Comment l'avez-vous reconnu?
Un jour il me l'a montrée.
– Et que vous-a-t'il dit à ce propos?
– Qu'il avait l'habitude de parler aux oiseaux...
– Pourquoi cela?
– Je suppose qu'il envisageait de m'apprendre à parler car j'étais très jeune moi aussi et peu enclin à perdre ma liberté...
– Où habitiez-vous?
– Comment savez-vous?
- Quoi donc?
– Que ce jour-là il me posait la même question.
– Je crois que j'ai vécu à peu près la même situation.
– Vous le savez donc aussi bien que moi!
– Je n'en suis pas si sûr.
– Je loge... nous logeons dans un lieu commun.
– C'est ce que je lui ai répondu, mais est-ce bien de cela qu'il est question?
– En tous cas c'est un lieu confortable et rassurant.
– Mais, comme vous le savez certainement les lieux communs sont ouvert à tous vents...

– Comment faites-vous pour être à l'abri ?
– Nous ne sommes à l'abri de rien.
– Dans le fond, de quoi devrions nous abriter?
– De tous les imprévus qui peuvent arriver à l'improviste...
– Dans les lieux communs, rien ne peut arriver à l'improviste. Tout est répertorié, certifié conforme au "Grand Plan" et étiqueté en conséquence.
– Je comprend que l'on puisse s'y sentir bien, mais une chose me chatouille un peu tout de même...
– Vous pouvez me faire confiance et tout me dire...
– ... heu... la liberté...
– De quelle liberté voulez-vous parler ?
– De la vraie, de la grande, de celle que chacun recherche...
– Elle n'existe pas. Voyez-vous, il existe une quantité innombrable de libertés, mais celle dont vous parlez n'est que chimère.
– Comment pouvez-vous être si sûr de ça ?
– Parce que c'est écrit !
– C'est écrit où ?
– Sur la grande carte.
– Qu'est-ce que cela?
– Chut... Faites silence!
Alors ce jour-là, en me disant cela, il me prit dans ses bras. Son regard inquiet inspecta rapidement les alentours pendant qu'il me souffla à l'oreille:
– Faites-moi confiance! Je vous emmène la voir.
– Voir qui ?

– Avant que je ne ne sache encore parler, je lui posais alors la même question.
– Comment avez-vous fat?
– Je n'y ai pas pensé une seule seconde et aujourd'hui encore je ne le sais...




Aucun commentaire: