jeudi 4 janvier 2024

Luciole

« L'auteur marque ce point où la vie s'est jouée dans l'œuvre. Jouée, non pas exprimée; jouée, non pas exaucée. C'est pourquoi l'auteur ne peut que rester inassouvi et inexprimé dans son œuvre. Il est l'illisible qui rend possible la lecture, ce vide légendaire dont procèdent l'écriture et le discours. Dans cette œuvre à laquelle il a pourtant donné la vie, le geste de l'auteur est attesté comme une présence incongrue et étrangère, exactement comme les lazzi d'Arlequin pour les théoriciens de la commedia dell'arte interrompent sans cesse l'histoire qui se déroule sur la scène et en défont obstinément la trame. Et pourtant, tout comme, selon ces théoriciens, les lazzi doivent leur nom au fait que, à la manière d'un lacet, ils reviennent à chaque coup pour renouer le fil qu'ils ont dénoué en lui donnant du mou, ainsi, le geste de l'auteur ne peut garantir la vie de l'œuvre qu'à travers sa présence irréductible depuis un bord inexpressif. Comme le mime dans son mutisme, comme Arlequin dans ses lazzi, l'auteur n'a de cesse de s'enfermer dans l'ouverture qu'il a lui même créée. Et de même que dans certains livres anciens, qui reproduisaient à côté du frontispice le portrait ou la photographie de l'auteur, nous essayons en vain de déchiffrer dans les traits énigmatiques de son visage les raisons et le sens de l'œuvre, de même, le geste de l'auteur hésite sur le seuil de l'œuvre comme son exergue intraitable qui prétend avec ironie en détenir l'inavouable secret.»

Giorgio Agamben, Profanations, Rivages, p. 88


 

 
Selon l'état actuel de nos recherches, elles-mêmes tributaires de nos connaissances et de notre jargon symbolique, la "rosacrée" semble être une maladie contagieuse proche parente de "l'ânniose stellaire" et serait souvent confondue avec elle. Il semble aussi qu'elle soit intimement liée à l’être humain et chemine à son insu avec ses voies de communications. Son porteur, tel un cheval de Troie, emporte incognito son germe, sa semence. Il pourrait être, ce n’est qu’une hypothèse, un bacille, un élément végétal mal connu actuellement, supposé infiniment petit, plus petit qu'un de ces cinq millions de germes que renfermerait un millimètre cube de notre sang ou que la moindre de nos pensées. Il n'est cependant pas du tout certain, autre hypothèse qui s’ajoute à la première, que notre sang en soit le porteur. Il se pourrait que notre cerveau le véhicule de façon inconsciente et immatérielle, ce qui expliquerait la peine que nous avons à le débusquer… voire même à le démasquer… car nous le soupçonnons gravement d’apparaître sous des formes les plus diverses. Une autre hypothèse serait, pour un temps et à certains moments, qu'elle soit transportée par les lucioles...

Signé, approuvé par
Le Très Grand Surveillant des Croyances,
Redigé et divulgué anonymement par le Très Discret




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