vendredi 12 janvier 2024

Ânes sauvages

 « Rien de ce que je fais n'a de sens, si la maison brûle. » Pourtant, alors que la maison brûle, il faut continuer comme toujours, à tout faire avec précision et soin, peut-être de façon plus studieuse encore - même si personne ne devait s'en rendre compte. Il peut arriver que la vie disparaisse sur Terre, que plus aucune mémoire ne demeure de ce qui a été fait, ni du bien, ni du mal. Mais toi, continue comme avant; il est trop tard pour changer, il n'y a plus de temps.

Giorgio Agamben, Quand la maison brûle, Rivages




Ulysse, dans la solitude de son île, ayant exploré et observé, avec une constance digne d’éloges, l’entier de ce qui pouvait l’être, ce qui n’était pas énorme au vu de l’étroitesse des quelques rochers visibles et du seul sur lequel s’était formé une petite épaisseur de terre, sur laquelle avait poussé le petit arbre auquel il se dira être attaché, voyait les ânes sauvages, à ne pas confondre avec les ânes arboricoles qui sont minuscules, comme d’imposants animaux qui ne se laissent pas dompter, qui sont indépendants et vivent librement leur vie. Il était très loin d’être au bout de ses surprises. 


Vingtième rapport d’Ulysse, envoyé spécial du Grand Vérificateur des croyances 

Sur cette île, contrairement aux précédentes, il y a plusieurs sortes d’ânes. Il y a ceux qui n’ont rien à dire et qui racontent n’importe quoi. Ce sont les ânesses jacasses, de type  particulièrement envahissant… Je les avais découvertes sur d’autres îles avant celle-ci, mais je ne leur avais pas prêté une attention suffisante. D’abord, je constatais qu’ils ne sortent que la nuit… ce fait eût du me mettre la puce à l’oreille, si je puis dire… mais il n’en fut rien. Je croyais dur comme fer à leur présence réelle. De fait, leur présence, si elle était bien réelle, n’était pas de la réalité en laquelle je croyais. Quant aux ânes arboricoles, je mis très longtemps à les découvrir et avant cela, à m’habituer à leurs présences. Au début, je me demandais comment avait survécu Fidèle. Il était maintenant le seul représentant de son espèce et cela  grâce à sa grande taille, très proche de celle des ânes sauvages. Plus tard, j’allais, par la force des choses, mieux comprendre la situation…


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