« Ouverte et fermée, claire et obscure, telle apparait la vie quand on est à la fois dedans et dehors.
À la ronde qui tourne dans les ténèbres de la nuit sans déboucher nulle part, l'homme de lumière, l'Ulysse des temps modernes désigne l'ouverture : et ce n'est qu'une entr'ouverture. Mais cette entr'ouverture nous donne déjà l'entrevision de l'infini. Le cercle est donc brisé. L'homme de lumière, c'est le principe du temps qui indique à la ronde nocturne le chemin de l'aurore.»
Vladimir Jankélévitch
L’aventure, l’ennui, le sérieux, Flammarion
Page 58
Il arrivait que certains jours je ne retrouve point ces petits arbustes sur lesquels vivaient. J’avais beau multiplier les traces et les repères, je ne les voyais pas et pourtant j’étais à l’exacte place où je les avais rencontrés la veille…
Pour comprendre ce que peut être la vie des ânes arboricoles, il faut avoir un esprit large, ainsi que des pieds de même nature. Il est nécessaire aussi d'avoir une bonne vue, ou, tout au moins, une paire de bonnes lunettes. Savoir marcher et se pencher sur son environnement immédiat est un acte primordial. Sans ce geste fondateur, point d'espoir d'être un jour le témoin privilégié de la beauté et de la fragilité de cet animal singulier qui vit sur un arbre qui ne l'est guère moins. Ils dont si petits que la moindre inattention vous fait irrémédiablement passer à côté.
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