lundi 1 janvier 2024

 


(…) «pseudo-penseurs, pour qui obscurité et profondeur sont synonymes. Mais la plus belle qualité de la pensée est d'avoir conscience d'elle-même, et l'on peut dire, sans faire une métaphore paradoxale, qu'il n'y a pas de brouillard d'esprit plus épais que celui qui, s'étendant jusqu'aux limites du domaine intellectuel, dérobe ces frontières elles-mêmes à la vue de l'intelligence. Maintenant on comprendra que, quand je me sers de ce terme, l'Infini de l'Espace, je ne veux pas contraindre le lecteur à former la conception impossible d'un infini absolu. Je prétends simplement faire entendre la plus grande étendue concevable d'espace, domaine ténébreux et élastique, tantôt se rétrécissant, tantôt s'agrandissant, selon la force irrégulière de l'imagination(…)

Edgar Poe, Eurêka 


Un problème technique  a empêché Ulysse, pendant quelques jours, de recevoir les informations que devait lui envoyer un hypothétique messager. Ainsi une réalité peut se révéler identique à une autre tout en restant invisible...
Entre-temps Ulysse a encore changé d’île, c’est du moins ce qu’il croit… Au moment où elle apparaît son image nous montre un décalage. Celui dans lequel nous sommes et non le décalage que nous montre l’image de l’île. Ainsi, face à celle-ci nous pensons comme Ulysse que nous sommes en présence d’une grande île et qu’il nous manque quelque chose pour comprendre comment il est passé de là-bas à ici… Par cette absence, nous pouvons imaginer ce que représente la perte d'une partie du présent. Nous avons, nous lecteurs et spectateurs, quelques difficultés à comprendre ce que cette perte signifie.
Ulysse lui non plus, à ce moment là ne le sait pas… Mais il commence de le sentir…
De temps à autre, il pense aux instructions… et rédige quelques rapports en pensant aux instructions:
Aussi bien que puissent apparaître les malades, les médecin se doivent de remplir leur devoir dans ce combat. Si l'issue est prévue par la statistique, elle est plus favorable pour les malades traités dans les hopitaux que pour les malades soignés dans les maisons particulières. Tout doit être mis en oeuvre, même si ce tout nous est méconnu.

Rapport du sixième jour qui pourrait ne correspondre à aucune réalité connue

- Bien que n'ayant plus d'accès à aucun moyen de communication, à peine réveillé de mon saut dans le vide, je continue à noter du mieux que possible et sans trop réfléchir tout ce qui pourra être analysé plus tard. Je constate que je suis sans mémoire de ce qui s'est passé du moment où je me suis jeté dans le vide jusqu’au moment où je vous parle. L'objet que je tiens dans ma main m'est totalement inconnu. Il en est de même de l'endroit où je me trouve. Je me sens curieusement frais et dispos. Je crois bien que mon bain, que je suppose avoir pris, au vu de ce qui le précédait et de l'état de mes habits, m'a fait beaucoup de bien. Je ne ressens plus ces horribles brûlures et ma peau est redevenue ce qu'elle était.

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