dimanche 7 janvier 2024

Qui-vive

 "La patrie n'est qu'un campement dans le désert."
 
Kyab-Yingpa

 


Le sommeil de l'âne arboricole est un moment crucial de son existence. Il doit, toujours sur le qui-vive, sans effort de pensée, et, dans un laisser-faire dynamique, en parfaite décontraction, maîtriser parfaitement et conjointement la connaissance de sa queue avec celle de l'arbuste sur lequel il vit en symbiose. Il doit aussi laisser se mettre en place, sans résistance aucune, la psychologie appliquée au rêves inversés, puisque réalisés la tête en bas. Se laisser aller n'est point chose aisée... Ce serait, à mon sens, ce qui définit le mieux ces étranges créatures que sont les ânes arboricoles. Suspendus par la queue aux branches de leur arbre qu'il ne quitte jamais, ils semblent dormir... C'est ce que j'ai longtemps cru... De fait, je crois aujourd'hui qu'ils ne dorment jamais. S'ils se balancent au gré du vent, c'est pour mieux observer, mais cette observation n'est pas due à un effort se dirigeant vers le monde. C'est au contraire le monde qui vient à eux.
– L’œil est une porte, me dirent-ils un jour. Nous ne la fermons jamais. Ainsi notre espace intérieur n'est point limité comme pour vous ou toutes les autres espèces qui peuplent cette terre.

Vies, mœurs, éducation et destinée des baudets sauvages. À l'usage des sages et de ceux qui les croient bienheureux.

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