mercredi 3 janvier 2024

Découverte

« Est-ce parce que l'enfant est un être inachevé? La littérature pour enfants est pleine d'assistants, d'êtres parallèles et approximatifs, trop petits et trop grands, de gnomes, de larves, de bons géants, de fées ou de génies capricieux, de grillons et de limaces qui parlent, d'ânons qui défèquent des pièces d'or et de tant d'autres créatures enchantées qui apparaissent comme par miracle au moment du danger et qui tirent d'un mauvais pas la bonne petite princesse ou Jean sans peur. À la fin de l'histoire, le narrateur les oublie quand les protagonistes vivent heureux et contents au terme de leur existence; mais on ne sait plus rien d'eux, de cette «engeance» inclassable à laquelle, finalement, les personnages doivent tout.»

Giorgio Agamben, Profanations, Rivages, p. 31




Le très méconnu peuple des ânes arboricoles n'a, jusqu'à maintenant, à notre connaissance, fait l'objet d'aucune publication. C'est donc à une "découverte" que nous vous convions aujourd'hui. Inutile de vous préciser que son approche est extrêmement difficile. Et ma rencontre avec ce merveilleux peuple, comme vous l'avez certainement déjà compris, ne fut que pur hasard. Un soir, je me promenais sans autre but que de me réjouir de la beauté du crépuscule. Je n’avais rien d’autre à faire étant dans l’attente d’instructions qui ne venaient point. Cet état de fait ne me déplaisait pas. Chemin faisant je me réjouissais de revoir la verte et puissante lumière de notre arbuste préféré. Quelle ne fut ma surprise quand je m’en suis approché de ne plus y voir briller la luciole égarée qui pendant plusieurs semaines m’avait tenu compagnie. Et pourtant la lumière qu’elle diffusait était encore là, on eut dit maintenant qu’elle émanait de l’arbuste même… Ce jour-là je ne vis pas encore ce que vous voyez aujourd'hui. Les êtres qui vivent sur cet arbuste étaient encore, pour leur plus grand bonheur, parfaitement invisibles.
 



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