« En fin de compte cependant, je ne parvenais pas à peindre. J’avais beau rester planté longuement devant la toile, fixer cette surface immaculée, ne jaillissait pas la moindre parcelle d’idée quant à ce que je devais peindre. J’étais dans l’incapacité de déclencher les opérations et ne savais par où commencer. Semblable à un musicien sans instrument, je finissais par me sentir perdu, tout simplement, dans cette pièce carrée privées toute décoration.
Je n’avais jamais connu ce genre d’état d’esprit. Jusque-là, à peine me retrouvais-je en face d’une toile que mes pensées décollaient de l’horizon quotidien, que quelque chose se faisait jour dans ma tête. Parfois une idée essentiellement concrète et utile, parfois une rêverie parfaitement improductive. Mais il y avait toujours quelque chose qui émergeait. Il me suffisait alors de trouver et de saisir, parmi toutes ces choses qui me venaient à l’esprit, celle que je jugeais pertinente, de la transposer sur la toile, pour la laisser se développer en suivant mon intuition.»
Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur, livre 1, belfond
Quatre-cents-dix-septième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Bleu
Il est indéniable que la présence de l'enfant Lune dans la vie de qui que ce soit est un événement qui amène, ou devrait amener... à s'interroger. Aucune somme savante n'apportera jamais aucune lumière totale sur cette présence, pas plus qu'elle ne pourra éliminer la place singulière qu'il a occupé parmi nous. À quel point point sa trajectoire, entre son ascension et sa chute, fut importante? Je ne le sais et ne puis le savoir...
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