Compte rendu de la vingtième séance consacrée à M. Don Carotte
Après avoir fait légèrement connaissance avec Don Carotte pendant de longues heures, je n’avais pourtant pas l’impression de commencer à le connaître. Nous tournions en rond. En tous cas c’est ainsi que je le ressentais. C’est pourquoi je décidais de lui demander de se faire accompagner de son chien. J’avais le sentiment que cela pourrait nous aider, lui et moi, à faire plus ample connaissance. C’est ainsi que pour la séance d’hier avait commencé la plus étrange conversation de mon existence de psychiatre… Naturellement, dans mon esprit il ne s’agissait que de permettre à Don Carotte d’être plus à l’aise et de se libérer de certaines contraintes qu’il ressentait concernant le fait de venir dans le cabinet d’un psychiatre. Pendant quelques instants, après les salutations d’usage, je les observais avec plaisir… même si très vite j’eus le sentiment que quelque chose m’échappait. Et en effet, je me dois de dire que dès lors, sans que je m’en rende compte, Don Carotte avait disparu… Naturellement ce n’était pas le cas. Simplement je ne le voyais plus. Toute mon attention avait été littéralement capturée par Platon le Petit, chien bleu de son état… L’animal était loin d’être sauvage… Tout de suite le courant passa entre nous. Bien sûr l’obstacle de la langue était bien là… mais je ne sais comment il m’a semblé assez vite que, d’une certaine manière, j’arrivais à saisir ce que les mouvements de Platon provoquaient en moi-même… C’était très surprenant et même impressionnant…
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