Sous les yeux

 

  

 

Quatrième réflexion consacrée à la vingtième séance de  M. Don Carotte

 

À quel titre Don Carotte méritait-il d'être considéré comme un patient qu'il faudrait soigner, c'est à-dire le changer?

Beaucoup de ces questions étaient pour moi restées sans réponses... mais.. Sans cesse je m'égare sans avoir auparavant exposé clairement ce qui s'est passé en ce temps là... Essayons...

Il y a un certain temps déjà, plus d'une année je crois, un homme disant s'appeler Don Carotte était venu me voir. Il tenait une lanterne dans une main et de l'autre un grand bâton sur lequel il semblait s'appuyer sans que sa démarche ne fut boiteuse. C'était pour le moins surprenant. Quand je lui proposais de poser sa canne et sa lanterne dans l'entrée, il refusa tout net. Hors de question, me dit-il. Je crus voir un petit éclair de mauvaise humeur dans son regard… Il était accompagné de son chien qu'il appelait Platon. Platon! m'avait-il dit et il avait ajouté: Platon le Petit, chien de bleu de son état... Je les avais prié de me suivre et de s’asseoir. Ce qu'ils firent. C'est dès ce moment-là que mes sens eussent dû m'avertir. Ils le firent peut-être, mais je ne voulus point en tenir compte. Peut-être était-ce dû au fait que ce que je vis alors me plaisait beaucoup... Curieusement et mystérieusement tout l'intérieur de mon cabinet avait changé... du moins je le voyais ainsi. Par quelle illusion, je ne le sais toujours pas, mais ce que j'avais sous les yeux tenait du cirque, d'un théâtre, d'un palais impossible à situer ou encore d'un paquebot à la dérive. Encore une fois cela aurait dû m'alerter mais cela n'avait pour moi aucune importance. Dès ce moment je crois que j'étais curieusement comme retombé en enfance. Je m'émerveillais de ce que j'avais sous les yeux.