Extravagance

 « Dans les domaines où le concept de manière a été défini plus rigoureusement (l'histoire de l'art et la psychiatrie), il désigne un processus bipolaire: c'est à la fois une adhésion excessive à un usage ou à un modèle (stéréotypie, répétition) et une impossibilité de s'identifier vraiment à lui (extravagance, unicité). Ainsi, dans l'histoire de l'art, le maniérisme présuppose la connaissance d'un style auquel on veut à tout prix adhérer et que l'on tente, au contraire, plus ou moins inconsciemment d'éviter au moyen de son exagération; en psychiatrie, la pathologie du maniériste se manifeste par des gestes et des comportements étranges et inexplicables, et, en même temps, par la volonté de gagner, grâce à eux, un terrain et une identité propres.»

Giorgio Agamben, Création et anarchie, Rivages, p. 77

 

 

 

 

 

– Quand le réel prend l'eau, on met un pied dans l'inconnu... on prend un risque. C'est ce que j'ai fait plus ou moins consciemment. En ce cas précis, le sens de la réalité n'avait plus beaucoup de sens... Ne restait que l'humeur. Mon comportement et  le fonctionnement intellectuel pourraient pourraient mériter d’être qualifié d’extravagant...

Ce n'est que bien plus tard que j'ai pris la peine d'évaluer minutieusement, avec une acuité particulière, les causes possibles, et dénaturaliser l’interprétation intuitive... la question  de l'altération du discernement s'est posée. Existe-t'il une philosophie de la psychiatrie? En ce cas, en ne mettant pas le patient au centre, en allant jusqu'à l'oublier, certes momentanément, en arguant d'une stratégie thérapeutique, n'avais-je point été défaillant? Aujourd'hui, avec beaucoup de recul, en refaisant le parcours que je fis alors, je me rends compte que je n'avais point les torts dont on me fit grief alors. Le patient placé sous la dépendance d'un homme pour qu'il puisse exercer sur lui son emprise ne risque t'il pas, potentiellement, un danger plus grand encore que la maladie supposée dont il souffre?

À quel titre Don Carotte méritait-il d'être considéré comme un patient qu'il faudrait soigner, c'est à-dire le changer?

Beaucoup de ces questions sont pour moi restées sans réponses... mais.. Je m'égare sans avoir auparavant exposé clairement ce qui s'est passé en ce temps là...