lundi 11 décembre 2023

La crypte

 
« Si nous ne pouvons porter nos désirs au langage, c'est parce que nous les avons imaginés.
La crypte ne contient rien d'autre que des images, comme un livre de figures pour les enfants qui ne savent pas encore lire, comme les images d'Épinal d'un peuple analphabète. Le corps des désirs est une image. Et ce qui est inavouable dans le désir, c'est l'image que nous nous en sommes faits.»

Giorgio Agamben, Profanations, Rivages poche
 

Platon, le petit chien bleu et Daemon, perdu dans le grand cirque, discutent avec détachement…

– Regardez!
– Que devrais je voir?
– L’Enfant Lune s’efforce de retrouver  quelque chose enfouie dans sa mémoire. 
– Que serait-ce?
– Peut-être un lien avec le passé…
– Mais alors, ce lien serait plus mémoriel que réaliste!
– Vous avez certainement raison…
– À quoi ce lien lui servirait-il?
– Cela pourrait lui permettre de remonter jusqu’au lieu et aux circonstances de sa naissance.
– Comment s’y prend-il?
– Il dessine… ce qui lui permet de bâtir une signification, et ainsi d’exister…
– C’est irréel!
– Vous avez raison… mais il agit non pas par le témoignage de la réalité…
– Comment s’y prend il?
– Mais par l’imagination… de celui qui regarde. Aussi ne se contente-t-il pas de montrer et surtout d’attirer l’attention sur ce qu’il désire montrer…
– Je ne comprends pas bien…
– Il sait que les informations contenues dans ses dessins sont «causées par le monde et non imaginées par le dessinateur». Il sait intuitivement que ce qu’il représente n’est nullement absent de ce monde.



 
 

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