lundi 11 décembre 2023

Tentative

 ... Les livres adressés au vulgaire doivent être suffisamment intelligibles s'ils sont lus comme le vulgaire a coutume de lire, autrement dit, leur substance doit se dévoiler à une lecture très inattentive et négligente. En d'autres termes, dans les ouvrages vulgaires écrits à des fins d'instruction, l'enseignement le plus fondamental doit être écrit en grosses lettres à chaque page, ou il doit être l'enseignement le plus clair qui soit, mais il n'en est pas de même pour les livres philosophiques. Spinoza soutenait que l'on peut parfaitement comprendre des livres intelligibles sans que le lecteur sache à qui ils sont adressés. En soulignant le fait que le Traité est adressé à un petit nombre d'hommes, il nous donne la première clé pour la difficulté spécifique de l'ouvrage. Il dit que l'ouvrage est spécialement destiné à ceux qui « pratiqueraient la philosophie plus librement si une unique chose ne s'y opposait, savoir leur opinion que la raison doit être la servante de la théologie ».

Ceux qui pensent que la raison ou la philosophie ou la science doivent être au service de la théologie, Spinoza les caractérise comme des sceptiques, ou comme des hommes qui refusent la certitude de la raison, et le vrai philosophe ne peut pas être un sceptique ".

Léo Strauss
La persécution et l'art d'écrire 




– Racontez-moi ce qui vous vient à l'esprit, cher Daemon.

Le doute s'est installé dans l'esprit de Daemon. Il ne sait, pas plus que le lecteur… si ce qu’il dit peut être utile à son maître… Les mots tout autant que les images renferment de nombreux mystères… et se confondent… Depuis un certain temps il doute et ce doute l’envahit au point que même la notion de maître est mise en question… Pourquoi ne le serait-il pas lui-même pourquoi le prend-on pour un petit chien?
Malgré les assurances données par l'Homme à la pipe et toute sa bienveillance, pour lui les temps et les événements se mélangent. Il ne sait plus quelle forme prendre ni à quel saint se vouer. Il voudrait laisser à chacun le soin ou la tentation de le reconnaître. Il se met à raconter:

« Dans l'eau noir d'un étang, quelques rides circulaires s'éloignent de ce qui pourrait être le centre d'un monde englouti ou son contraire un monde qui serait émergent…»

Ce qu’il dit le dépasse entièrement… Il ne sait d’où cela vient…ni quel en est le sens… De plus ce ne sont pas ses mots et sa voix… Il s’arrête et n’entend pas l’Homme à la pipe l’encourager à continuer.

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