« Tolstoï, convaincu qu'il existe un nœud causal inexorable, se trouve alors en mauvaise posture. Comment concilier le règne de la nécessité avec l'expérience de la liberté humaine? La solution qu'il propose n'est guère qu'un expédient maladroit: il ne voit d'autre issue que de dégrader la liberté au rang d'un phénomène de la conscience, une sorte de qualité secondaire. Ce qui lui importe, c'est que, dans le monde établi par la raison -le monde réel en idée-, il n'y a pas de place pour des actions échappant à l'explication causale. Ce que nous prenons pour une libre décision n'est, vu par la raison, que la conséquence inévitable des conditions données. La liberté est une illusion. Si cette illusion subsiste néanmoins, c'est parce qu'il nous est impossible de considérer la quantité infinie d'éléments qui composent la réalité historique. Dépister les lois qui commandent leurs interrelations est une tâche qui excède les capacités humaines.»
Siegfried Kracauer, L’Histoire, Stock, p.172
Siegfried Kracauer, L’Histoire, Stock, p.172
Tout ce que nous perdons et donnons, fugitif,
Revient, se dissipe, puis renaît… incessant.
Il se taisent laissant en silence les mots mourir lentement. La brise caresse leurs visages, et une ombre semble brusquement passer dans les yeux immobiles du Colonel.

Le petit chien roux
Soudain inquiet, avançant une patte vers lui.
Maître, quelques jours encore, et vous ne serez
Que l’ombre de vous-même. Reprenez-vous, je prie!
La folie quelquefois s’impose et vient briser,
Mais elle n’est que du vent. Laissez-la, elle s’enfuira.
Le Colonel
Le Colonel
Léger sourire, triste et distant, comme s’il n’avait pas entendu.
La folie, dis-tu? Peut-être n’est-elle que faux-semblant,
Celui que la sagesse porte pour se cacher.
Ou peut-être un miroir, où la vérité, en hésitant
Refuse de se voir, de peur d’être touchée.
Le vent se lève. Le Colonel penche légèrement la tête, comme s’il écoutait une voix qu’il est seul à entendre. Sa main de tissus se lève, comme pour cueillir une étoile invisible.
Regarde… là-haut. Ces lumières, ces éclats,
Le vent se lève. Le Colonel penche légèrement la tête, comme s’il écoutait une voix qu’il est seul à entendre. Sa main de tissus se lève, comme pour cueillir une étoile invisible.
Regarde… là-haut. Ces lumières, ces éclats,
Ces feux qui dansent au-delà de tout regard…
Ils murmurent un chant venu d’un au-delà
Qui m’appelle, doucement…
Il s’interrompt, fixant intensément un point dans le vide. Le chien gémit faiblement, comme s’il sentait une présence inquiétante.
Le Souriant
Hors scène, comme une voix intérieure.
Il s’interrompt, fixant intensément un point dans le vide. Le chien gémit faiblement, comme s’il sentait une présence inquiétante.
Le Souriant
Hors scène, comme une voix intérieure.
Colonel, Colonel… Pourquoi donc ce silence?
Ton être se découd sous le poids de l’absence.
N’es-tu pas ce que j’ai fait, façonné à ma main?
Le vide t’habite, et c’est là mon dessein.
Le
Colonel tressaille, mais ne répond pas. Un long frisson parcourt son
être. Le chien, quant à lui, recule légèrement, les oreilles plaquées
contre sa tête, comme s’il pressentait un danger invisible.
Le Colonel
Le Colonel
D’un souffle, presque pour lui-même.
Tout ce que nous donnons revient, un jour,
Porté par des vents qu’aucun être ne saurait nommer.
Peut-être est-ce là la loi de l’éternité,
Peut-être est-ce… un sourire, comme un dernier détour.
Le rideau de la nuit tombe lentement. Le Souriant, invisible, semble s’étendre comme une ombre sur la scène. Les étoiles scintillent plus fort, mais leur éclat paraît désormais étrangement menaçant.
Le rideau de la nuit tombe lentement. Le Souriant, invisible, semble s’étendre comme une ombre sur la scène. Les étoiles scintillent plus fort, mais leur éclat paraît désormais étrangement menaçant.
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