dimanche 19 janvier 2025

 

« Je ne suis pas philosophe. Je ne suis ni latiniste ni helléniste ni archéologue ni psychanalyste. Je suis simplement un homme qui a beaucoup lu, un lettré ou, mieux encore, un littéraire, c'est-à-dire un homme qui apprend sans cesse à écrire ses lettres, à les déchiffrer, à les transposer, qui ne cesse de poursuivre cet apprentissage, qui aime follement lire, étudier, traduire, retraduire, écrire. C'est ainsi qu'il y a un apprendre qui ne rencontre jamais le connaître - et qui est infini. Cet infini est ma vie.»

Pascal Quignard, Sur l’image qui manque à nos jours, Arlea poche -No:205- 


Divine providence
 Épisode 71


S'enfonçant dans le monde pour se perdre, devant un auditoire clairsemé, se jouant des lecteurs fugitifs, le vent passe en arrière plan et secoue le rougeoiement du rideau. Fuyant la rupture du socle psychiques l’adagio se déroule. Spasmes et chétifs tremblements de neurones provoquent l’imagination. Une serrure se déchiffre, la porte pivote et lui ouvre les yeux. Croyant en d’impossibles niveaux d’obscurité, se cachant derrière vagues fragments, avant que ne remonte, acide, lavant le regard et l’écoute, la vague du souvenir, quelque idée passe en boucle dans l’esprit du narrateur. Sautant allègrement par dessus les trous de l’existence, sondé plus que sondeur, posant à l’aveugle, une à une, les pièces infinies d’un puzzle en ses ténèbres, fusant en toutes directions, il sait qu’une longue suite chaotique de pensées croisées et de dialogues improbables ne font point un récit. Il lui faudrait être un peu simplet pour croire que l'apparition des ânes sur une île déserte soit le résultat d'un processus créateur de longue haleine. Elle n'est pas le résultat d'un voyage où l'âne-héros en quête d'aventures, se sent pousser des ailes. Elle n'est pas non plus une création spontanée issue de l'esprit d'un créateur tout puissant en quête de créatures qui pourraient le magnifier. Non, la réalité est bien plus prosaïque. L'âne "insolaire" est un fugitif… qui plus est dépendant de ce qui se dit de lui… La collision, presque un choc intime, entre un navire et un récif, lui donna ce que le hasard, plus ou moins cabossé, tardait à lui donner... et fugitif, il n’était point le seul… Fugitifs, ils le sont tous…


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Quand les ailes poussent à la fourmi, c'est pour sa perte."


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