Il arrive que jeu de reflets entre le texte et les images se déploie avec la même ambiguïté que celui qui prend place dans les espaces entre les mots. Ces blancs constituent des ruptures. Ce ne sont non pas seulement des ruptures du récit, et donc du temps, mais aussi du sens qu'ils contiennent.
Sur leur île, le petit chien roux et le Colonel poursuivent leur dialogue sans se douter de la présence invisible du Souriant.
LE CHIEN
Mais n’est-ce pas ce doute, ô maître inanimé,
Qui fait d’eux des vivants, des cœurs illuminés?
Leur errance est un feu, leur peine une victoire,
Car c’est dans l’abîme qu’ils trouvent leur espoir.
Vous qui rêvez d’un corps, voyez dans l’âme humaine
Une flamme qui brûle, une clarté lointaine.
LE COLONEL
LE COLONEL
Ah ! Vous dites vrai, ami, et vos mots me soulèvent,
Car votre sagesse en moi doucement s’élève.
Vous venez d’un roc ardent, mais votre cœur sait encore
Danser sous les étoiles et franchir les décors.
Pourtant, je suis figé, esclave de ma trame,
Et seul un vent céleste ranimerait mon âme.
LE CHIEN
LE CHIEN
Alors, Colonel doux, que votre rêve s’embrase,
Acceptez l’humanité, ses travers et ses phases.
Car c’est dans l’imparfait que la beauté s’enlace,
Et c’est en l’incertain que tout destin se place.
LE COLONEL
LE COLONEL
Ô chien sage et subtil, votre discours est un phare,
Qui éclaire ma nuit d’une flamme bizarre.
Mais savez-vous, compagnon, qu’au fond de cette mer
Sommeille un Dieu caché, un mystère amer?
Car croire et désirer, c’est vouloir l’impossible,
Et l’homme, pour cela, devient irrésistible.
LE CHIEN
LE CHIEN
Alors croyez, Colonel, mais gardez votre mystère,
C’est dans l’ombre du doute que naît la lumière.
Et moi, humble nageur, je suivrai votre chemin,
Car l’espoir est plus grand qu’un rivage lointain.
Rideau.
Rideau.
L’embrasement du ciel s’éteint dans le silence,
Et le vent, en mourant, prolonge leur balance.
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