« Tandis que je soulevais les pieds pour avancer, les images dans ma tête s'effacèrent.
Black out.
Je progressais le long du mur dans l'obscurité muette. Je décidais de ne plus penser à rien. Ça ne servait à rien de penser, sinon à allonger le temps. Je me concentrai sur ma progression.
Avancer les pieds. Précautionneusement, sûrement. La lumière éclaire faiblement les environs. Il ne fait pas assez clair, je ne vois pas où je suis. J'aperçois juste une porte. Une porte que je n'ai jamais vue.»
Haruki Murakami, Danse, danse, danse, Seuil
– Il y a une chose que je n'ai pas très bien saisi. Tu as dit qu'il t'avait créé à l'image de celui qui l'avait créé. Ne m'as-tu pas dit… ou fait penser… si ma mémoire est bonne, que c'était toi qui... d'une certaine manière... l'avait créé et, cependant, toujours selon tes dires, si je me souviens bien, tu ne lui ressemble guère...
– C'est un mystère que je ne m'explique pas encore...
Ce n'était pas tout-à-fait exact mais le Colonel préférait sans doute se réfugier dans le passé. Sa mémoire comportait de larges trous noirs dans lesquels il lui était impossible d'accéder sans y être "invité" de manière définitive. Il ne le savait pas, certes, mais… dans ces trou noirs, comment se fait-il qu'il n'y soit… par accident… par maladresse ou… par curiosité peut-être, jamais tombé?
Près du couchant, l’éther d’un éclat s’embrase,
Des mondes infinis nous révèlent leur phase.
Voyez-vous ces galaxies, ces spirales de feu?
Elles dansent doucement aux confins de nos cieux.
Leur lumière, un murmure, à nos âmes s’adresse,
Mais seul l’esprit élu peut percer leur sagesse.
Le petit chien, levant le museau, ferme les yeux et reste pensif.
– Mon Colonel, dites-moi, ce ciel qui nous contemple,
Est-il l’œuvre d’un dieu, ou d’un songe qui tremble?
Vous qui fûtes façonné par un maître éloigné,
Dites-moi, par quel détour ce secret vous est donné?
Ne disiez-vous pas, hier, dans un souffle discret,
Que vous-même, en retour, vous créates ce palais?
Comment donc, dites-moi, dans ce cercle sans fin,
Celui qui vous a formé naquit-il de vos mains?
La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Diem perdidi"
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