mercredi 22 janvier 2025

 


« Quant au texte... Mais le texte, on ne songerait même pas à l'écrire. Impossible! dirait maintenant la raison. Arrivé à l'énième coup de la partie d'échecs que joue la connaissance avec l'être, on se flatte qu'on est instruit par l'adversaire; on en prend le visage; on devient dur pour le jeune homme qu'il faut bien souffrir d'avoir comme aïeul; on lui trouve des faiblesses inexplicables, qui furent ses audaces; on reconstitue sa naïveté. C'est là se faire plus sot qu'on ne l'a jamais été. Mais sot par nécessité, sot par raison d'Etat!»


 

Divine providence
 Épisode76

 


 

Le doute du narrateur, vain murmure des ombres
Bruisse délicatement et se développe sans encombres 
Le Souriant, à l'écart, en son rôle hésitait,
Son verbe autrefois sûr s'enrayait, vacillait.
Lui, maitre des récits, sentait l'étrange fardeau:
Ses ombres s'animaient, se jouaient du bandeau.
Chaque geste échappait à ses songes subtils,
Chaque mot résonnait en un écho hostile.
Il doutait. Était-il l'auteur ou bien captif?
Ce théâtre mouvant le rendait fugitif.

Le Colonel prend la parole

Voyez ce vaste ciel, ses lambeaux éclatants,
Ces nuées qui jadis roulaient comme un titan,
Ne sont plus que des voiles, des morceaux de mensonge,
Les restes effilés d'un décor qui se ronge.
Ce Souriant qui plane, maître sans pouvoir,
N'est qu'un pâle auteur pris au piège du miroir.
Que dit-il à présent, cet étrange narrateur,
Sinon des compliments déguisés de flatteur?

L'âne, sage et tranchant

Ses mots, Colonel, ne sont qu'un masque trompeur,
Ils voguent à contre-sens des élans de son cœur.
Il pense en politesse, mais s'exprime en grotesque,
Un architecte absurde, un bâtisseur rocambolesque!
Ne voyez-vous pas, dans ces lambeaux épars,
Que ses forces s'effacent quand il se croit veinard?
Ses pouvoirs s'effilochent, la crapule manipule,
Et nous, simples jouets, rêvons qu'il capitule.

Le petit chien bleu, malicieux

Capituler? Pourquoi? Lorsque tout est possible,
Nous sommes ses créations, mais tout devient lisible.
Regardez, mes amis, ce théâtre éclaté,
Ces nuages de soie, ces morceaux oubliés.
Nous pourrions, d'un labeur patient et partagé,
Bâtir un nouvel ordre, une liberté volée.
Que le Souriant observe, impuissant, notre œuvre,
Et qu'à nos propres mains son empire se meure !

De loin, le Souriant, le regard voilé, doute:
Ces créatures d'esprit, échappées de sa route,
S'élèvent contre lui, comme l'ombre s'élève
Quand le soleil décline et que l'esprit s'achève.

Le narrateur, ébranlé mais fier

– Voyez comme ils me fuient, mais restent enfermés.
Rien ne peut jamais être totalement discerné.
Leur quête d'évasion, leur fragile chapiteau,

N'est qu'un cercle vicieux, un détour vers mon flot.
L'auteur est dans l'ombre, mais demeure le lien,
Et leur théâtre libre sera mien dès demain.

 

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