mercredi 20 juin 2018

Chacun sait








 

" Chacun sait que ses propres limites sont la garantie de sa propre existence et de sa propre continuité — mais ces limites le séparent à jamais de l'objet d'amour —qui restera toujours autre. Le fantasme d'enfanter ne se réduit pas, chez l'homme, à une simple représentation psychique d'un instinct de reproduction, mais est aussi le produit de la contradiction entre le désir de possession et l'indispensable altérité. La différence des sexes transforme les limites en incomplétude. L'ambivalence de l'investissement maternel rend nécessaires tant le déplacement de la haine et de la crainte sur un tiers que la construction des fantasmes concernant les échanges entre parents. Du moins en est-il ainsi dans les civilisations comportant une certaine forme d'organisation familiale. Les interdits les plus angoissants font partie des processus défensifs les plus nécessaires pour continuer à désirer, c'est-à-dire à vivre. Bien avant l'ère psychanalytique et la connaissance d'un inconscient orientant la vie psychique par ses exigences contradictoires, les hommes savaient qu'ils n'étaient pas maîtres de leur destin, et que les événements de leur vie étaient influencés par des forces échappant à leur conscience et à leur volonté. De nombreuses figurations mythiques ont rempli le vide de la représentation de l'inconscient, l'homme étant le jouet du destin, des Parques, des malédictions, des philtres, etc. Entrant dans un rapport d'opposition avec les mêmes exigences psychiques que nos pulsions, les forces extérieures mythiques constituent un matériau de choix pour les rendre figurables."




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