dimanche 10 juin 2018

Le glas en plein midi


« Alors, il fait deux pas, latéralement, vers les fenêtres d’où provient, sur sa droite, la lumière, et il pose les doigts de ses deux mains sur ses paupières –qu’il ferme comme on ferme les yeux de ceux qui viennent de mourir– sur l’ossature de son visage, ses yeux restant fermés après que ses doigt eurent cessé de les recouvrir, et ses deux mains se rejoignent, peut-être implorantes, sous son menton. Alors il rouvre les yeux, il évite sournoisement de regarder le tableau, il contourne le canapé qui se trouve placé là, en face de la vue de Delft, il quitte la salle, il revient dans celle, plus grande, à laquelle on accède directement du palier du premier, et dont les croisées-ainsi l’a-t’il remarqué tout à l’heure- donné sur une pièce d’eau, et il s’immobilise devant Le Chardonneret de Carel Fabritius.
Rien d’autre, ne rien regarder d’autre.»

La deuxième mort de Ramón Mercader, Jorge Semprun 



Comment les cahiers de Don Carotte sont-ils arrivés entre les mains de L'enfant Lune est une question à laquelle il est bien difficile de répondre. L'enfant Lune lui-même semble ne pas y attacher une trop grande importance.
– Ce n'est pas qu'il faille nier la signification... ou la non-signification... de chaque chose, mais l'important, le plus important, est ce qui s'y trouve et non ce qui y est inscrit et encore moins d'où il vient. À partir de là, il faut considérer et reconsidérer toutes ces choses à l'aube d'un monde nouveau sans que les chaînes qui nous lient n'en sonnent le glas en plein midi.



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