mercredi 6 juin 2018

De la lune jusqu'au soleil






Ancien Cahier de Don Carotte
Septième feuillet
, au dos du croquis ci-dessus
Aujourd'hui, deuxième jour de l'an de Disgrâce, à peine avant l'aube, encore une fois au pieds de la cascade derrière laquelle je vivais, toujours derrière l'écran qui me séparait de l'Ancien Monde, encore les restes vivaces d'un autre mauvais rêve tressaillent encore dans l'obscurité toujours faiblissante de mon cerveau et du monde que je tentais d'y construire. J'y vois encore, sur leur perchoir, outre les deux êtres bizarres qui, ils me semble, parlent, parlent et parlent encore... ledit Bouc qui, du haut de la cascade, j'en suis sûr, me nargue...

 – Du soleil jusqu'à la lune la voie est tracée. Au-delà, plus rien, plus loin encore... peut-être jusqu'ici... ou là... Qui peut savoir?

Alors, sur cette trace, aube nouvelle, suprême hiérarchie, un autre jour, comme un silence contagieux ou certains tremblements, le feu dans la prairie s’allume et se répand sans laisser au soir d’autres traces que cendres et fumées qui dans la nuit revivent un peu. Si peu, mais quand même... se confondent avec les pâles étoiles et d'antiques rêves "bons et clinquants" de part et d’autres des deux colonnes reliant l'occident à l'orient. Le nord et le sud se confondent sous l’œil aiguisé du portier et des surveillants. Tour à tour se relaient les pavés noirs et les pavés blancs, galopent les chevaux, de biais s'avancent les dames et les fous. Font face, droit devant, les tours majuscules. Au devant de tout, misérables, les  pions immobiles et point encore sacrifiés se félicitent d'être encore là. Se pourrait-il qu'il se puissent rêver en Grande Dame?

Le Preux Chevalier dans son rêve se réveille:

– Noir ou blanc dans l'ombre des Puissants je ne sais que cela: ne suis que pion minuscule, mais jusqu'à l'Orient j'irai...


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