mardi 19 juin 2018

Mise au fait


Comme si j’étais dépourvu de sens,
Qu’elle soit dressée tel un bâton de bois
Point de coups d’œil porté un peu partout,
Il faut toujours avoir le regard baissé.
Mais si les yeux ont besoin de repos,
On regardera quelquefois aux alentours.
Et après avoir vu ce qui n’est que reflet,
On attachera son regard à un objet adéquat.
Avant de prendre la route, on regardera un instant
Dans les quatre directions, afin de mesurer le danger.
Se reposant, on regardera la distance parcourue,
En se retournant derrière soi.
On continuera ou l’on rebroussera son chemin,
Après avoir examiné ce qu’il y a devant et derrière.
C’est ainsi qu’en toutes circonstances,
On fera ce qu’il faut faire après s’être bien mis au fait.» 


Śāntideva, Bodhicaryavatara





Introduction au Grand Cahier Rouge de Don Carotte

Lorsque je décidais, à la suite de certaines circonstances incontournables, de me consacrer à cette tâche, je n'imaginais point combien il me serait difficile de la mener à bien et combien cela ferait apparaître comme un reflet inconnu de moi-même. Je voulais avant respecter la vérité, telle que je la voyais, mais très vite je dus déchanter. Je dois à l'objectivité de dire que celle-ci, je veux parler de cette "vérité", n'était point compagne agréable. Sans cesse elle se rebiffait et ma plume s'usait bien plus vite que le destin auquel ces rapports étaient confiés. Je sus très vite que de lecteurs il n'y aurait quasiment point. Je m'imposais donc de décrire les événements non point pour le dessein d'être lu, mais pour que ceux-ci m'apparaissent de telle manière que moi-même je puisse, dans une certaine mesure, les comprendre. Dire cela c'est aussi dire, implicitement, que les événements dont je parle, je ne les avais point compris lorsqu'ils eurent lieu. J'espérais aussi, quoique secrètement, que ce que j'aurais écrit puisse être aussi clair que l'aube, quand le soleil, encore invisible, laisse déjà augurer ce que ce jour qu'elle précède sera. Même s'il est clair que je ne suis point omniscient et que les événements dont il est question ici, ne sont, et de loin, pas connu de moi seul, ce qui est sûr, c'est que personne mieux que moi n'en connait certains aspects et cela pour la simple raison qu'il s'agit avant de certaines des pensées qui furent à l'origine de cette histoire et que ces pensées, parfaitement conformes à l'éthique que je m'étais imposée, ne seraient nullement déformée autrement qu'à mon insu... J'ai l'intime conviction que de nombreuses années scelleront le silence dans lequel ces chroniques ou rapports vont être enfermés. Cependant je crois, dans toute la force qui peut naître dans la valeur de ce mot, je crois qu'un jour, il arrivera qu'on les lira. 

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