mardi 26 juin 2018

Taillement


" Il serait aussi inutile que impossible de dire combien de pensées tourbillonnent dans ma tête ce soir-là. J'ai examiné toute l'histoire de ma vie en miniature ou court, comme on pourrait dire, avant et après mon arrivée sur l'île."

Robinson Crusoé, Daniel Defoe





Une marque perdue au milieu de ses semblables presque effacées, au fond d’un profond "taillement", gisait encore, complètement desséché, couleur rouille, par endroits noir, un peu de son sang. Sur l’arête, encore vive, elle en prolongeait la forme, la complétant, si bien que, vu d’un certain angle, à condition de se baisser et de laisser faire son imagination, on pouvait y lire un mot, peut-être un nom... À peine prononcé le mot reprenait vie, si bien qu’en soi il disparaissait, vivant, non pour lui, mais pleinement avec l’accord d’un tout parfaitement invisible pour soi.
La forme de ce mot ou de ce nom, dans un premier temps, laissait à penser que ce qui est là, sous vos yeux, n’était qu’une forme, une représentation. Ce l’était... aussi. C’était comme faire un premier pas vers une montagne lointaine. Certes, ce pas vous rapprochait, ce qu'il fallait éviter, mais la route était encore là, parfaitement même.

–  Là est au-delà. Là est le chemin qui contient le but...
Nous pouvions passer des heures à observer les changements que suscitait le mouvement de la lumière. Nous avions beau connaître la trajectoire et la moindre entaille, il apparaissait toujours quelque nouveauté.



Aucun commentaire: