samedi 16 juin 2018

et le vent de la mer


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et le vent de la mer soufflait en rafales, sur la plage, immense et déserte. On se croyait au cinéma, le film d'aventures venait de commencer: les premières images, justement, étaient celles de cette plage immense et déserte, sur laquelle le vent de la mer soufflait en rafales; plage non-identifiée (sauf peut-être, par un pourcentage indéterminé, mais certainement négligeable, de spectateurs –avec leurs spectatrices– qui auraient passé en Hollande leurs dernières vacances pascales et qui auraient reconnaître, à la couleur océanique, à l'immensité de sable, à l'allure des bâtiments construits derrière la dune, la grève de Zandvoort), plage anonyme au fond de laquelle un homme solitaire, et minuscule –ramené aux justes proportions dérisoires de l'humain face à l'immensité de la nature (mais voyons!)– immobile, contemplait ce paysage grisaillé– et peut-être pourrait-on faire entrer quelques goélands dans le cadre, oiseaux de mer suspendus dans le battement imperceptible de leurs ailes, et filant brusquement, dans un vol souverain, vers d'autres lieux...

La deuxième mort de Ramòn Mercader, Jorge Semprun





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