mardi 12 juin 2018

Rien d'autre qu'une représentation




Si ce qu'avait entre les doigts ou dans la main l'enfant Lune n'était autre qu'un souvenir qui contenait une mémoire, ce que cette mémoire contenue projetait était infiniment plus grand que le souvenir... Devant l’intensité de cette projection, on serait bien inspiré de remarquer que l'on se trompe en supposant qu’il y aurait une vérité littéraire ou poétique*. De la vérité... l'enfant s'en fout. Aristote lui-même, définit la vérité comme une relation de conformité entre une représentation, un discours, une idée et ce à quoi elle se rapporte, son référent, la chose, le monde, la réalité.  L'enfant Lune ne fait aucune différence entre la représentation et la chose. La chose est toute entière dans sa représentation... et lui aussi...
– Pour quiconque, hors moi-même, je ne suis rien d'autre qu'une représentation...

Et, fort de cette certitude, juste avant de se plonger dans le  quinzième rapport de Don Carotte, qui, par un heureux hasard... il se passa un événement curieux que l'on hésite à porter sur le comptes du hasard, encore lui...
C'est à ce moment-là que l'enfant Lune, soit qu'il se fut agi d'un léger déséquilibre, soit une sorte d'impulsion venue d'on ne sait où, toujours est-il que sa main avait frappé sur la page devant lui. Une page arquée, déformée par le temps. Le coup produisit un petit claquement qui fit peur à l'enfant. Immédiatement et brusquement il retira sa main, ce qui fit que la page avait retrouvé sa position initiale avec une fulgurante rapidité. Fulgurance qui fut la cause de la projection du petit cône de plastic placé sur la dite page, qui, littéralement, s'envola devant ses yeux.


* Deleuze et la question de la vérité en littérature
Philippe Mengue
 

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