(18) "Mousieur"

« Ce vers quoi nous nous penchons avec condescendance ne fait que nous renvoyer l'image de nous-même.»

Le premier homme, doctement:
– Comme une métaphore sans fonds, l'homme est vain... ou peut-être plus...
 L'enfant, avec ironie:
– "Divin", peut-être...
 L'homme second:
– Présomptueux, sûrement...
 L'enfant, sans ironie:  

 – C'est à votre suite que je veux cheminer... sur votre chemin.
Le premier homme:
– Comment pourriez-vous raisonnablement la connaître?
L'homme second:
– Vous voulez dire: le connaître?
L'enfant:
– Nous y sommes... ici et maintenant... là où nos chemins se croisent...
Le premier homme, doctement:
– Et ne font peut-être que cela... J'ai bien dit la connaître car je parlais avant tout de notre méthode.
L'enfant:
– C'est que, pardonnez mon insolence, elle est peut-être secrète, mais n'est point discrète du tout...
L'homme second:
– Qu'en savez-vous?
L'enfant, un peu joueur quand même:
– J'en sais ce qui vous échappe...
Le premier homme, doctement:
– Cet enfant est-il stupide ou prétentieux?
L'enfant, d'un ton posé:
– C'est selon... au gré de votre intangible et si belle philosophie...
Le premier homme:
– Qu'en savez-vous?
L'enfant:
– Elle chante à mes oreilles... l'éternel retour de ce qui n'en finit pas et ne cesse d'arriver...
 Le premier homme, avec emportement:
– Mousieur s'estime être un peu pouète?

L'homme second:
– Reprenez-vous.
Le premier homme:
– Qu'y-a-t'il?
L'homme second:
– Votre accent!
Le premier homme:
– Qu'est-ce qu'il a?
L'homme second:
– Vous avez dit Mousieur...
Le premier homme:
– Ce n'est pas possible!
L'homme second:
– Si, vous l'avez dit... et vous savez ce que...
Le premier homme:
– Je n'y crois pas.
L'homme second:
– Il est des mots qui, plus que les autres, révèlent vos origines... et celui-là vous a échappé... et ce n'est pas tout...