« Écrire ses confessions, cela est permis, mais
l'est-il de publier en même temps celles des autres? Je ne le crois
pas. Quoi qu'il en soit, les miennes me coûtent peu. J'ai fait
quelquefois des sottises, mais jamais sciemment du mal à qui que ce soit
au monde, et quand j'ai pu faire du bien je n'en ai pas laissé échapper
l'occasion, c'est même un des points les plus importants de ma religion,
des dogmes particuliers que je professe.
Je m'abstiendrai aussi dans ces lettres de tous
détails quelconques sur la révolution; tant de gens ont traité ce sujet
si difficile. Selon moi les révolutions sont centenaires, et ce n'est
même qu'après un siècle bien révolu qu'il est permis à tout écrivain
philosophe de tracer leur histoire.»
Mémoires et souvenirs, Lettres sur les circonstances de ma vie, Lettre I
Charles Pougens
Deux-cents-seizième rapport de Don Carotte
Extrait du deuxième Grand Cahier Noir
Tout ce dont il s'agit dans cette lettre et dans celles qui suivirent eut lieu il y a fort longtemps. Quelques dizaines d'années. J'ai considéré que cela fut suffisant pour que je m'autorise à les rendre publiques. Je ne m'abstiendrai pourtant pas d'en réécrire certaines parties qui ont traits à des personnes encore vivantes... Cela ne veut en aucun cas dire que je les soutiens dans leurs actions, ni ne participe à la diffusion d'idées que j'eus pu, en d'autres circonstances, partager. Mais il s'agit pour moi de préserver ce qui, dans ces idées, peut être, ou pourrait être, encore préservé et tenter, malgré tout, de conserver ce qui, dans l'esprit peut être... encore... Mais laissons ces détails et occupons-nous du feu des mots quand ils sont le miroir du feu qui nous anime.
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