vendredi 21 septembre 2018

( 21) Parfaitement arbitraire

"Une idée qui reçoit l’assentiment, nous l’éprouvons comme différente d’une idée fictive que la fantaisie seule nous présente. Et cette différence, je m’efforce de l’expliquer par ce que j’appelle une force, une vivacité, une solidité, une stabilité supérieures. Cette diversité de termes, qui peut sembler si peu philosophique, n’est employée que dans le but d’exprimer cet acte de l’esprit qui rend les réalités plus présentes que les fictions, leur donne plus de poids dans la pensée et plus d’influence sur les passions et l’imagination."

* David Hume, Traité de la nature humaine, Appendice





– Qui suis-je, je ne le sais plus tant ce que j'ai espéré s'est réalisé. De ce que je fus rien ne reste que quelques bribes de mémoire qui me feraient presque pleurer si je m'y attardais.
– C'est tout-à-fait naturel... Regardez, moi aussi je change en permanence mais cela non plus ne peut se voir sans une brusque accélération...
– Oui, mais ces mots ne sont que des avis...
– Détrompez-vous, ces avis sont comme mes habits dans lesquels je loge ma chrysalide... L'habit du dimanche, celui dans lequel tout s'accomplit... Ce qui y arrive n'est point connaissable... par avance...
– Et quand on le sait... c'est trop tard...
– Comment pourrions déconstruire ce qui n'est pas de notre fait... ce qui en nous se fait à notre insu...?
– C'est précisément l'un des rôles qui nous est assigné...
– À nous?
– À nous tous, tant que nous sommes.
– Que nous sommes.... serions... quoi? 
– Rien ne nous permet d'affirmer quoi que ce soit...
– Tour de même!
–  Ce que nous nommons identité n'est qu'une succession d'impressions dépendant d'une quantité d'informations gigantesques dans laquelle nous ne faisons qu'un choix arbitraire... parfaitement arbitraire... Avec, en plus, la prétention d'en faire un tout qui ne tiendra pas quelques heures, et même beaucoup moins... L'identité est une fiction...*


Aucun commentaire: