(23) Les mains vides

Ne peut se voir
Ce qui se cache dans le creux de nos mains…
Cela creuse des sillons de plus en plus profonds
au fond desquels se perd ce qui a été notre mémoire…
C’est les mains vides que nous mourrons…

Commentaire de l'enfant Lune inscrit dans la marge du deux-cent-trente-septième rapport de Don Carotte
Mon père, un homme d'apparence prudente et discrète, n'avait pas manqué de me donner force conseils judicieux et excellents selon lui pour me dissuader d'exécuter ce qu'était, il l'avait deviné, mon projet.
– Notre monde n'est pas fait pour les rêveurs... me disait-il, répétant en cela ce qu'il avait entendu et qu'il ne comprenait pas...
– Peut-être parce que le monde ne croit plus en nous-même...
– C'est idiot ce que vous dites là... Le monde n'a jamais cru en nous...
– Peut-être parce que nous ne croyons plus en nous-même...
– C'est la même idiotie... vue sous un autre angle...  Comment et pourquoi voulez-vous que l'on puisse croire en soi-même? Si vous parlez, pensez,, questionnez, mangez, pissez ou quelque autre action que ce soi, c'est bien parce que vous existez!
– Ce n'est pas dans ce sens que je pensais "croire en soi-même"...
– Vous voulez dire croire en vous-même! Et, dit par vous c'eût dû être "croire en moi-même"...  et non... vous avez dit croire en soi-même... Ce n'est pas la même chose...
– Je n'ai fait que prendre de la distance...
– Comme toujours, vous pensez trop. Vous fuyez.