mercredi 14 août 2019

(14) Cela change tout


« Dans les premiers textes dramatiques qui nous sont connus, des spectateurs (ou bien des acteurs censés représenter les spectateurs, le chœur grec) s’adressent aux protagonistes tout en en faisant le commentaire de leurs actes. Nous savons que les pièces du Moyen Âge commençaient et se terminaient généralement par l’apparition d’un acteur qui s’adressait au public, et que lors de la Renaissance cette tradition s’est poursuivie. Dans le théâtre anglais les spectateurs pouvaient louer des places sur la scène elle-même jusqu’au 18ème siècle. La tradition veut que la littérature ait suivi le modèle fourni par les arts dramatiques (et qu’elle soit toujours fondamentalement un art dramatique1), et que les premiers récits écrits n’étaient que des transcriptions tardives de récits oraux, emplis d’apostrophes narratoriales.»
 Joshua Parker, Écrire son lecteur


– J'ai peine à croire ce que vous me disiez.
– De quoi s'agissait-il?
– Vous me disiez que l'âne Candide était prêt à tous les sacrifices... ou du moins c'est ce que j'ai cru comprendre. C'est bien cela?
– Je crois que oui.
– Mais il n'irait quand même pas jusqu'à sacrifier sa vie?
– Si...
– Et cela ne vous effraie pas?
– Non.
– Y-aurait-il quelque chose qui m'aurait échappé?
– Sans nul doute...
– Sans doute s'agit-il d'une ce ces subtilités de langage que vous partagez avec votre maître?
– Une subtilité ne se partage point, elle s'offre à l’interprétation, ainsi loin de se diviser elle se multiplie.
– À moins que la division ne soit aussi une sorte de multiplication!
– Vous voyez que vous aussi vous pouvez être subtil... Pour revenir à Candide et à son possible sacrifice, il s'agit de celui de sa vie d'âne et non de sa vie au sens large...
– Cela change tout!
– Je ne vous le fais pas dire...

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