Les Mémoires de Candide
Réunies dans le désordre des hasards de la vie, là où précisément était né Candide...
Passé un certain temps où j’avais eu le loisir de les observer en toute quiétude et où j’en étais arrivé à m’ennuyer quelque peu, je remarquais que lorsque par mégarde je produisais un son, tel le frottement de mon pelage sur un poteau ou un bâillement mal étouffé, cela avait comme effet de les réveiller, de les sortir d’une sorte de torpeur ou de monotonie qui faisait que les mots et les arguments devenaient plus intéressants. Ma présence qu’ils ne soupçonnaient point mais dont ils percevaient inconsciemment les manifestations stimulaient leurs sensations qui à leur tour stimulaient leur acuité cérébrale. Brusquement, j’eus l’idée de leur donner la sensation de découvrir... et pour cela je me montrais. Subrepticement. Ils me voyaient mais n’en croyaient pas leurs yeux. Je me cachais à nouveau et apparaissait à nouveau mais d’un autre côté. Certains, négligeant leur routine, étaient aux aguets. Et puis j’apparus nettement en plein milieu de la piste où ils étaient réunis. Bien sûr cela fit scandale sur le moment. Je fus chassé à coups de bâton et j’entendis de loin les longues discussions qui eurent lieu auxquelles je fis semblant de ne point prêter l’oreille. Naturellement après quelques instants je disparaissais et tout recommençait... jusqu’à ce qu’ils considèrent cela comme un enfantillage. Dès lors je jouais à me cacher en prenant soin qu’ils puissent me voir et qu’ils se persuadent que je me croyais invisible. Ainsi leur honneur était sauf et je pus en toute tranquillité vaquer parmi eux sans qu’ils ne m’accordent plus la moindre attention.
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