lundi 19 août 2019

(19) Suis de mon temps...


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« Je ne vois pas à présent d’aussi claires catégories qu’il s’en voyait au temps de notre ingénuité. Les volontés et les systèmes s’opposaient plus exactement. Toute la nation littéraire s’ordonnait en un petit nombre de tribus selon les lois naïves des contrastes que l’on croyait exister entre l’art et la nature, le beau et le vrai, la pensée et la vie, le vieux et le neuf. Chacune de ces tribus avait son chef incontestable, je veux dire qui n’était contesté que par quelqu’un du même drapeau.»

Discours de réception à l'Académie française de Paul Valéry


 
Les Mémoires de Candide
Réunies et séparées des hasards où il vit.

Je suis un piètre narrateur, je le sais, tout comme je connais les qualités que peuvent avoir, ça et là, mes récits. Le principal problème est que je suis, de mon point de vue, dans la langue qui est mienne, un amnésique. Pas une de ces personnes qui oublient tout... non... j’oublie où j’ai oublié le début de l’histoire. Qui donc peut se targuer de connaître le début véritable de son histoire ? Rien ne me ferait plus plaisir que de me souvenir de quel temps je fus... Nous disons avec légèreté: je suis de mon temps. Dans le fond cela ne dit pas grand chose puisque ce temps nous est inconnu. Quand nous commençons à l’analyser il est déjà passé, perdu dans les méandres de la mémoire, là où tout se mêle. Ce n’est donc plus notre temps.... mais un temps mémorisé avec toutes les erreurs inhérentes à la mémoire. Qui, hormis celui qui sait tout, peut s'y retrouver parmi cet imbroglio chaotique que l'on nomme "savoir"?

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