jeudi 22 août 2019

(22) Quelques lignes


« Non seulement les "comprachicos" ôtaient à l'enfant son visage, mais ils lui ôtaient sa mémoire. Du moins ils lui en ôtaient ce qu'ils pouvaient. L'enfant n'avait point conscience de la mutilation qu'il avait subie. Cette épouvantable chirurgie laissait trace sur sa face, non dans son esprit. Il pouvait se souvenir tout au plus qu'un jour il avait été saisi par des hommes, puis qu'il s'était endormi, et qu'ensuite on l'avait guéri. Guéri de quoi? il l'ignorait. Des brûlures par le soufre et des incisions par le fer, il ne se rappelait rien. Les "comprachicos", pendant l'opération, assoupissaient le petit patient au moyen d'une poudre stupéfiante qui passait pour magique et qui supprimait la douleur...»

Victor Hugo, L'homme qui rit



Les Mémoires de Candide
Réunies et séparées des hasards où il vit.


Il est des lignes que l’on trace avec le pinceau ou le crayon et d’autre, comme une goutte de pluie glissant sur la fenêtre fermée, sur la roche polie d’une montagne ou la trace sinueuse d’une rivière que la nature trace toute seule.
Ces hommes qui m’entourent imaginent voir tout de moi...

Comme la pluie tombant du toit sait tout de ce sur quoi elle ne fait que glisser. Peut elle se douter de ce qui s’abrite en dessous? Ils ne savent que ce qui peut se voir de l’extérieur. Mais qu’en est-il de ce que je pense qui, dans une faible mesure, donne corps à mon apparence? Ils s'en doutent quelque peu... C’est bien pour cela qu’ils m’interrogent... Mais sont-ils capable de déchiffrer le genre de réponse que malgré les barrières qui nous séparent, je leur donne? Il est des interrogations, des interrogatoires ou des interrogateurs qui sont vains...
Comment pourraient-ils se douter combien je connais la face cachée de leur miroir. Je sais, ô combien vétuste est ce décors construit de bric et de broc derrière une façade aguicheuse, rutilante et souriante?
 





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