Aux origines des mots, il y a le cri...
Deux-cents-troisième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Noir
Au début il y aurait le récit. Celui-ci se corse... puis certaines ramifications discrètes se développent, conservant certaines images, en rejetant d'autres. Pour certains il est toutefois moins nébuleux qu’on ne serait tenté de le penser. Comme le sillage d'un bateau, une trace sonore, comme une fêlure, aussi infime soit-elle, vient se superposer au tintement d'une cloche et d'une voix dont la vibration s'éternise et puis se perd dans le bleu du ciel. Sur la plage, simultanéité et durée, main dans la main comme le liquide noir de la seiche se répand sur la page, s'amoncellent des milliards de minuscules témoins obscurs, scintillants et fascinants sur lesquels marchent les corps dénudés. Ils vont, attirés par une rumeur. Celle de l'apparition d'un corps sans vie qui se balance dans les filets et le bateau du pêcheur qui ramène trop tard sur la terre la créature sans souffle perdue dans la mer. Qui pourrait être cette Gorgone qui attire tous les regards? Quelle sorte de vision émane de ce corps sans vie qui traverse et fige ainsi celui qui aurait l'audace de la regarder? Prisonniers d'un miroir dans lequel il ne voient que leur propre mort qui est aussi celle de tous... la danse, le balancement de la vie et de la mort y ouvrent et y ferment leurs yeux avides. La fourmilière laisse passer les représentant de l'Ordre avant que ceux-ci ne s'emparent du corps sous le regard des yeux de l’esprit de la morte qu'ils ont pudiquement enlacée et couverte d'une voile pudique, moire aux couleurs tannées comme les mains et le visage du marin.
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